Ce soir, nous allons aborder un thème qui n’est pas des plus joyeux : la dépression.
C’est pourtant un sujet d’actualité qui prend de l’ampleur et dont il nous semble important de parler.
Tout d’abord, nous tenons à établir la distinction entre la dépression pathologique et l’état dépressif, qui sont deux choses bien différentes. La dépression pathologique est une maladie mentale qui peut être grave, avoir des conséquences physiques importantes et mener jusqu’au suicide. L’état dépressif est, par contre, un passage de la vie normale, mais qu’on a tendance à réprimer. C’est de cet état que nous voulons débattre ce soir.
L’état dépressif se distingue par plusieurs comportements et/ou symptômes qui seront différents en fonction de la personne concernée. On peut remarquer un repli de la personne sur elle-même, une sensation de solitude même si elle est bien entourée, une grande tristesse, de l’ennui, une perte d’énergie, des ruminations mentales, de l’angoisse, des pleurs, de la colère, un mutisme, … On dira alors de la personne qu’elle est dépressive. Cette dernière ira voir un docteur, le médecin de famille généralement, qui lui prescrira des médicaments : anxiolytiques, anti-dépresseurs. Ces cachets auront une fonction de pansement qui sera souvent efficace : la personne sera de meilleure humeur, moins angoissée, elle recouvrera l’appétit,… Cela rassurera ses proches. Mais, quelques mois après, “toc toc toc”, de nouveaux symptômes feront apparition. Eh oui, la douleur ne se laisse pas dompter comme ça. Elle est toujours là, la douleur, derrière le pansement médicamenteux. On augmente la dose ? NON !
Le terme “dépression” provient du latin depressio, -onis qui signifie “enfoncement”, “creux” (ce n’est pas nous qui le disons, c’est Larousse!). On peut dire alors qu’une personne qui est déprimée est dans “le creux de la vague”, elle traverse une période basse. Y a-t-il quelque chose d’anormal ? Absolument pas. La société actuelle, pourtant, tend à supprimer le plus rapidement possible cette période creuse. Il faut être heureux, partout, tout le temps, dans tous les domaines, en plus d’être beaux, sveltes et d’avoir un compte en banque bien fourni. Ce qu’on ne nous dit pas, c’est que c’est totalement impossible. Il est absolument impossible d’être parfaitement heureux en tout temps.
La dépression – ou l’état dépressif – est un passage tout à fait normal, et même utile ! La question à se poser n’est pas “comment?” (les symptômes), mais “pourquoi?” (la cause).
Nous vivons des périodes dépressives à la suite de pertes. Cela peut être la perte d’un être cher, la chute d’un idéal, l’échec d’un projet, une séparation ou une grosse dispute avec un ami. Ce sont des événements que nous vivons tous au cours de notre existence et une réaction dépressive est une réponse adaptée.
Nous distribuons notre énergie, notre attachement, notre amour (Freud parlait de libido, mais pas seulement au sens sexuel du terme…) sur différents objets : le travail, la relation de couple, les amis, … Lorsque nous perdons l’un de ces objets, lorsqu’il chute, une partie de la libido est perdue. Pour rétablir l’équilibre, il faut passer par tout un processus de deuil, parfois long, qui se termine par l’accrochage de cette partie de libido perdue à d’autres objets, il faut la “re-répartir”. Ce processus est facilité par l’usage de la parole, qui temporisera la difficulté du réel auquel nous faisons face : parler, ça apaise. C’est également un processus que nous dirions presque “naturel”: notre psychisme, tout comme notre corps, cherche lui-même l’homéostasie.
Revenons aux médicaments. Par leur fonction de pansement psychique, ils cachent la douleur, mais ils endiguent également le processus homéostatique. La personne ne place pas son attachement dans un nouvel objet et l’équilibre ne peut pas être retrouvé. Nous sommes donc dans un état dépressif masqué qui perdure et qui s’aggrave.
Savez-vous que la dépression au sens psychologique du terme a été inventée suite à la découverte de molécules chimiques capables de la contrer ? Avant la commercialisation de ces comprimés, personne ne parlait de dépression et on avait le droit d’être simplement triste.
L’état dépressif est un passage difficile, douloureux, mais normal et nécessaire. Accordez-vous le droit de ne pas toujours être au top, de ne pas toujours être souriant, disponible et enthousiaste. Soyez tolérant envers vous-même et laissez-vous le temps. Prenez soin de vous, n’hésitez pas à vous tourner vers un professionnel de la parole, il n’y a rien de honteux à cela. Parlez, mettez des mots sur vos émotions au lieu de les réprimer, cela atténuera petit à petit l’intensité de la douleur psychique. Le bout du tunnel n’est plus si loin…
Écrit par Justine Fassotte
Diplômée en psychologie, Justine travaille en tant que Délégué dans un service d’aide à la jeunesse. Elle est spécialisée dans le développement personnel et le soutien individuel.